Son histoire
Le béguinage, dit « ten Wijngaarde » existait déjà avant 1244. En 1245, il fut élevé au rang de paroisse par l’évêque de Tournai et par Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre.

Le béguinage fut nommé « princier », parce que Philippe le Bel, roi de France, soustraya en 1299 le béguinage à la juridiction de la magistrature brugeoise afin de régler lui-même tous les différends.

Le visiteur entre au béguinage par un charmant petit pont en dos d’âne qui enjambe le fossé marquant jadis la limite du domaine du béguinage. Au pied du pont se trouve une borne indiquant que le béguinage constituait une paroisse séparée, bénéficiant de droits spéciaux. La porte d’entrée (1776) porte l’inscription « SAUVE GARDE ». En effet, le béguinage ne ressortant pas de la juridiction des serviteurs du bailli, celui qui cherchait asile au béguinage était à l’abri de toute arrestation. La porte d’entrée est aussi ornée d’une statue d’Elisabeth de Hongrie, qui était célèbre pour ses œuvres de charité. La statue, au-dessus de la porte de la Grande-Demoiselle (la supérieure du béguinage), est une copie de l’original qui se trouve à l’église.

L’enclos, avec ses maisons proprettes blanchies à la chaux qui sont toutes d’un style différent, est très reposant. Avec son église, son ancienne infirmerie, ses arbres, ses pelouses et ses sentiers, c'est le site préféré des peintres et des touristes.

Le béguinage disposait d’une protection du duc de Bourgogne suite à un conflit avec les foulons : en effet, les femmes leur faisaient concurrence en lavant et préparant la laine dans les eaux de la Reie pour les tisserands.
A côté de la porte de la Grande-Demoiselle, se trouve une petite chapelle construite au XIIIe siècle qui fait partie de l’ancienne infirmerie, ou maison capitulaire, datant du XVe siècle. La voûte polychromée est remarquable.

La Maison Béguinale donne l’idée exacte d’une ancienne maison de béguine avec son petit jardin. Elle est restée telle qu’elle était habitée vers 1600. Les appartements, la cuisine, la chambre à coucher ont gardé leurs meubles et accessoires si caractéristiques : tableaux, gravures, poteries.

Les béguines étaient primitivement des jeunes filles du peuple. Elles lavaient la laine et la préparaient pour les tisserands. Pour ce motif, l’enclos fut fondé près d’un cours d’eau (la Reie). Mais cette institution eut un tel succès au Moyen Age que bientôt elle groupa des jeunes filles de toutes les conditions. Celles-ci  menaient une vie d’austérité et de prières sous la direction d’une Supérieure.
A l’époque de la Renaissance, elles évoluèrent jusqu’à former une sorte de chapitre de chanoinesses avec l’office choral. Leur recrutement devint plutôt aristocratique, ce qui fit mal comprendre le titre de « princier »..
En 1930, l’ancien béguinage a été repeuplé, après la mort de la dernière « béguine », par des moniales bénédictines qui ont repris les grands offices du chœur et ont religieusement respecté tout le folklore ancien, y compris le costume du Moyen Age. Elles s’adonnent à l’apostolat liturgique sous toutes ses formes et accueillent volontiers dans une des maisons de l’enclos des hôtes de passage pour des retraites individuelles ou en groupe ou pour des séjours d’études.

Inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, comme douze autres béguinages flamands, le béguinage de Bruges est situé sur la rive du Lac d'Amour (Minnewater), l'ancien port de Bruges.

Son église
Le bâtiment
Nous nous trouvons dans une église béguinale caractéristique : composition simple, sans transept, dont le chœur est long et finit par un mur uni.
L’église, fondée en 1245 et consacrée à St Alexis et Ste Elisabeth, fut ravagée en 1584 par un incendie qui la détruisit. Après 20 ans, elle fut reconstruite en gardant le même aspect. Vers 1700, elle reçut la forme actuelle, en style baroque.
Les nefs latérales furent rehaussées, les fenêtres élargies et le mobilier renouvelé.
Le chœur
Le maître-autel
C’est un autel de style baroque, artistiquement élaboré. Le tabernacle sert à conserver les hosties consacrées, signes du Christ présent et s’offrant pour nous. Le grand tableau représente Ste Elisabeth, la patronne du Béguinage et de son église, devant le crucifix. La toile est du peintre Jacob Van Oost l’ancien (1601-1671).
Il y a plus bas deux grandes statues ; à gauche, celle de St Alexis tenant dans sa main un escalier tournant ; à droite, celle de Ste Catherine avec une roue.
Le retable est entièrement en bois. L’autel même est en marbre et date de 1893. Sur la paroi intérieure il y a un haut-relief en albâtre, qui représente la mise au tombeau du Christ.
Les stalles
Les belles stalles en chêne (style Louis XIV) datent des environs de 1700. Sur le chœur sont sculptés deux anges et deux têtes d’angelots.
Sur les écussons tenus par des anges, sont représentés St Joseph et St Henri II d’Allemagne.
Le sol est composé de dalles commémoratives et de pierres tombales. La dalle du milieu, la plus proche de l’autel, est dédiée au Père Nicolas De Roover, dernier religieux de l’Abbaye des Dunes (1751-1833).
La nef principale
Le dallage
Les dalles tombales ou commémoratives sont symétriquement disposées dans l’église. Les années de décès vont jusqu’à 1905.
La chaire de vérité et les bancs à pains
La chaire est une belle pièce, probablement due au sculpteur brugeois Jan Van Hecke (1699-1777). Sur la tribune il y a quatre figures : au milieu on reconnaît Notre Seigneur et la Vierge Marie, la première à gauche est St Jean Baptiste, la quatrième est St Jean l’Evangéliste. Cette tribune est soutenue par un ange qui tient un livre. Celui-ci représente la Bonne Nouvelle, qui était si longtemps prêchée à partir de cette chaire.
Remarquez les très décoratifs bancs à pains de style Louis XV, situés de chaque côté entre les piliers. Jadis on y déposait les pains destinés aux pauvres. Sous ces bancs, se trouvent les plus anciennes pierres tombales.
Une pierre originaire de Lourdes :
Dans le chœur, à droite vous trouverez une dalle taillée dans le rocher de Massabielle, non loin de la grotte de l’apparition.
La nef latérale de droite
L’autel
D’après le médaillon frontal, cet autel serait dédié à St Joseph. Au-dessus se trouve aussi une statue polychromée du saint.
Tout en haut, on remarque un dessin ombrageux qui accentuait autrefois le relief d’un autel antérieur. Ce procédé rare a été découvert lors de la récente restauration de l’église en 1991.
Au milieu de la partie supérieure du tableau se trouve St Alexis, le premier patron de cette église, à qui l’autel fut dédié à l'origine. A ses côtés sont représentés St Dominique et St François d’Assise.
Notre Dame de Spermalie (1240)
Statue dorée de la Vierge à l’enfant, la plus ancienne de Bruges. L’allure rigide est caractéristique de l’art roman.
Les boiseries et le confessionnal
De très belles boiseries en style Louis XVI entourent l’église.
Les vitraux
Ils datent du 19e siècle. Le premier vitrail près de l’autel représente l’apparition du Sacré-Cœur à Ste Marguerite Alacoque, le second Ste Elisabeth de Hongrie et le troisième, St François d’Assise.
La nef latérale de gauche
L’autel
Le tableau du retable représente la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Il est de la main de Lodewijck de Deyster (1656-1711). Les connaisseurs y retrouvent le style de son maître, Jan Maes.
Dans la niche de dessus, il y a une statue de St Alexis. En bas est placée une statue de St Benoît, œuvre de l’atelier de l’Abbaye de Maredsous.
Le candélabre en cuivre qui porte le cierge pascal, fut fabriqué et offert par Gérard Brondel en 1979.
La plus petite statuette de la Vierge
Contre la boiserie, vous verrez une statuette de la Ste Vierge, placée dans le tronc d’un saule : « Onze-Lieve-vrouw-van Goeden-Wil(g) », ce qui se traduit : « Notre-Dame de bonne volonté » ou « du bon saule ». En 1637, une statuette semblable fut découverte dans un saule à Duffel et sa vénération commença l’année suivante ici même.
Les vitraux
Le premier vitrail près de l’autel, représente à nouveau la Visitation.
Le deuxième montre St Alexis sous l’escalier, le troisième St Dominique.
Au fond de l’église
L’orgue (1754) fut construit par A.J. Berger, un facteur d’orgues brugeois. L’instrument n’était pas grand et en 1910, de nouveaux tuyaux furent ajoutés pour le pédalier. Sur le meuble, on peut admirer au premier plan, Ste Cécile jouant de l’orgue.

Vous pouvez admirer deux tableaux :
A droite : St Joseph avec l’Enfant Jésus. L’œuvre est attribuée à Jacob Van Oost le jeune (1639-1713). Le tableau provient de l’ancienne abbaye de St Trudon.
A gauche : l’Assomption de Marie : un très beau tableau de Theodoor Poeyermans (1620-1678), provenant de l’abbaye Nonnenbossche près d’Ypres.