Pour aller de Pont-Aven au Pouldu il faut traverser la commune de Riec sur Belon, passer le pont du Guilly à l'extrémité de la rivière du Belon, et traverser encore Moëlan sur mer et Clohars-Carnoët. Riec, au fond d'un bras sauvage du Belon, n'a pas de côte sur la mer, mais un vaste territoire entre les deux rias des rivières de l'Aven et du Belon : deux routes en cul-de-sac mènent, l'une sur l'Aven en face de Kerdruc au port de Rosbras où étaient établis alors un petit poste de douanes et un bistrot où se retrouvaient artistes et douaniers qui les emmenaient fréquemment sur leur voilier, l'autre au port de Belon où se trouvent de réputés établissements ostréicoles. Un chemin de douanier longe entièrement les deux rives boisées entre les blocs de granits et les ajoncs. Le château de la Porte Neuve, en réalité le Port Neuf des Romains, dresse ses tourelles non loin de la délicieuse chapelle St Léger, haut lieu de pardon. Au bourg la réputée auberge de Mélanie attirait les artistes gastronomes, à l'ombre de la vieille et belle église ancienne.

La commune de Moëlan est très étendue ; les côtes maritimes sont particulièrement importantes   magnifiques et sauvages   depuis les abords du port de Doëlan , avec les criques de Portec et Port Baly, les merveilleux petits ports de Merrien et Brigneau sur des rias, la pointe de Beg Moc'h où se trouvait le sémaphore cher à Jourdan, jusqu'à la plage à la mode de Kerfany ; à partir de là la rivière du Belon devient la limite naturelle en remontant vers le port de pêche de Belon puis l'anse de Lanriot avec sa chapelle au pardon très fréquenté, puis la lande ou les champs jusqu'au pont du Guilly sur la grand route. Le bourg lui même offre peu d'attraits en dehors de la splendide chapelle de St Philibert, lieu d'un imposant pardon pour la guérison de la peste : c'est un centre de commerce, de marchés et de foires.

Un peu avant d'atteindre la ria du port de Doëlan, actif port de pêche et havre de nombreux plaisanciers, on pénètre dans la commune de Clohars, on peut alors rejoindre le bourg à l'intérieur pour gagner directement Le Pouldu, ou suivre la côte, magnifique, variée et découpée. Les criques sont nombreuses et un oeil attentif peut encore repérer les traces nombreuses laissées dans le roc par les générations de ramasseurs de goëmon qui ont taillé des escaliers, ou des rampes pour faciliter le ramassage, installé des treuils pour hisser la récolte, nivelé des parcs entourés de pierres plates pour la faire sécher. Le sable fin de la plage de La Roche Percée chère à Maufra et Moret incite au farniente, tandis que l'anse de Porsach se découpe brutalement dans de hautes falaises. En arrivant au Pouldu on ira admirer la chapelle Notre Dame de la Paix dont les pierres datent du XVème siècle ; autrefois à Nizon, et tombée en ruines, elle fut en 19557 transférée pierre à pierre au Pouldu. C'est une réussite exemplaire, qui réunit à nouveau deux lieux historiques si étroitement mêlés. De superbes vitraux de Manessier et Le Moal lui valent son surnom de chapelle des artistes. Un mémorial à côté est dédié à Gauguin et l'Ecole de Pont-Aven.

Les batteuses de blé
vers 1892
Henri Delavallée


Ramasseurs de goémon
vers 1895
Emile Jourdan


Bénédiction d'un yacht
sur la rivière Belon
1899
Maurice Denis